Retour
Ajouter aux favoris

Ville (Plancoët)

Description

Analyse *Plancoët est une ville où se rencontre différentes voies de circulation, néanmoins l’implantation du bâti s’est concentrée le long de la route Lamballe-Dinan. De la rive gauche, le centre-ville de Plancoët qui s’articule autour de la place de la Mairie, surplombe de son promontoire l’Arguenon et le port. Sur la rive droite, le faubourg de Nazareth qui s’est développé à partir du 17e siècle lui fait face. Du passage à gué à la ville médiévaleUn prieuré est fondé sur la rive droite de l’Arguenon dès le 11e siècle, près du passage à gué qui a certainement été doté d’un pont dès la période antique. En revanche, la ville de Plancoët se développe sur le promontoire qui fait face au prieuré, près du château. L’un des descendants des Tournemine de la Hunaudaye, René, établit un aveu en 1570 qui donne des précisions sur l’emplacement du château alors disparu : « Ung emplacement de château situé en la paroisse et joignant la ville de Plancoet […] contenant en fons environ deux journaux de terre habitant d’une part à la rivière dudit lieu de Plancoet nommée arguenon d’autre au chemin par ou l’on va dudit Plancoet à Dinan … ».Il semblerait donc que le château se situait au bas de la rue du pont, proche de la place de la Liberté et près de l’Arguenon correspondant aux parcelles A31 à A38 du cadastre ancien de 1827 et portant les noms « Le château » et « Jardin du château ». Dans son Dictionnaire Historique et géographique de Bretagne de 1778, Ogée déclare : « Cette ville [...] avait un château pour défendre le passage de la rivière, qui fut pris et rasé par le duc Jean IV, en 1389. Il y a environ trente-six ans qu'il paraissait encore des restes d'une tour carrée, dont on ne voit plus rien ; on y laboure... ». Cette description correspondrait aux parcelles A34 ou A33. De plus, ces parcelles sont restées libres de construction jusqu’au milieu du 19e siècle, alors qu’elles se situent proches du centre-ville et du port. Serait-ce pour garder une sorte de mémoire de l’ancien château ? Ou le site a-t-il été interdit de reconstruction sur ordre du Duc Jean IV ?De l’époque médiévale, il ne reste que quelques traces dans l’architecture de Plancoët. Le Manoir du Cadre, rue de la Madeleine était un manoir de la fin du Moyen-Age dont il reste la chimère en crossette et l’ancienne tour circulaire. La maison du 4 rue du Pont conserve une ouverture de porte en tiers-point qui pourrait dater de la fin du 15e siècle. Les maisons entourant la place de la Mairie et de la rue du pont sont dotées de cave avec de profonds puits. De plus, le parcellaire étroit et en lanière de ces maisons est un héritage de l’époque médiévale. À noter, les décors gothiques de la maison abritant l’office du tourisme (n°1 rue des Venelles) sont des remplois qui ont été fixés à la façade originelle. Le développement de la ville à partir du 18e siècle et le façadisme du 19e siècleQuelques maisons anciennes de l’ancienne place du Martray ont été reconstruites au 18e siècle. Ainsi que le manoir du Cadre dont le propriétaire, avocat et armateur à Saint-Malo, s’est inspiré du style des malouinières pour concevoir un intérieur plus confortable et lumineux (façade ordonnancée avec de grandes baies de manière très sobre). Quelques maisons de la rue de l’Abbaye ont également été construites ou refaçadées au 18e siècle, notamment la Maison du Dôme. Les deux hôtels particuliers de la place de la Liberté (n°6 et n°10) ont également été construits à cette époque. La façade du n°6 a cependant été remaniée au 19e siècle.Le passage de la route royale par Plancoët à la fin du 18e siècle, ainsi que le transport fluvial de marchandises qui prend son essor tout au long du 19e siècle enrichit indirectement la ville. Les parcelles libres de la rue du pont, et de la nouvelle place du Morier (Place de la Liberté aujourd’hui), sont investies de nouvelles constructions entre le 18e et le début du 19e siècles. Des maisons à boutiques, principalement tenues par les femmes, sont construites le long de la route commerciale. Les boutiques sont marquées par leurs grandes baies en plein cintre au rez-de-chaussée jusqu’au début du 19e siècle (maisons aux n°2 et n°4 de la place de la Liberté). À partir de la 2e moitié du 19e siècle, les ouvertures sont agrandies grâce aux poutres métalliques. Elles sont fermées par des devantures en bois.L’aménagement des quais du port permet de construire sur l’ancien lit de l’Arguenon, le long de la route de Saint-Malo. Un hôtel près de la gare, des maisons à boutiques, la gare et l’usine profitent d’un emplacement stratégique. Les travaux de voiries et les plans d’alignement, mis en exécution par le Service des Ponts et Chaussées afin de faciliter la circulation, sont l’occasion d’un renouvellement des façades des maisons anciennes de Plancoët. Suite à l’agrandissement de la ville en 1841, la ville se développe au nord avec la création d’un quartier ex-nihilo. L’ancienne église Saint-Sauveur située sur l’ancienne place du Martray (place de la Mairie) est vétuste et trop petite pour accueillir les fidèles. La Mairie, installée dans les anciennes halles, a besoin de locaux plus grand. Il est donc décidé de déconstruire l’église et les halles pour offrir une place centrale à la Mairie. La nouvelle église, les écoles des garçons suivi de l’école des filles sont installées au centre du nouveau quartier. Les plus riches commerçants (la famille Jehan par exemple) se font construire des hôtels particuliers à l’est de l’église. Ces demeures en double profondeur sont implantées entre cour et jardin. Les jardins sont entourés de mur de clôture et de grille en fer forgé portant des monogrammes. Avec le renouveau catholique au 19e siècle, des communautés religieuses s’installent à Plancoët. Les Sœurs Trinitaires profitent du couvent de Créhen pour créer une antenne à Plancoët. La confrérie des pères Eudistes se voit offrir une propriété de campagne.
Historique *Un passage antiqueDurant la période antique, Plancoët est un passage à gué sur l’Arguenon qui se situe à 7 km de Corseul, capitale des coriosolites du Ier siècle avant J.-C. jusqu’au 2e siècle de notre ère. L’axe Carhaix - Fanum Mortis (Corseul) – Condate (Rennes) passait par Plancoët. Il était possible de passer par Plancoët pour aller à Alet (Saint-Servan/Saint-Malo) qui était une forteresse coriosolite et contourner le passage de Saint-Jacut-de-la-Mer.Les traces d’une villa gallo-romaine ont été découvertes près du lieu-dit du Grand Trait.Plancoët au Moyen-Age : une ville La fondation de la ville n’est pas connue. La seigneurie appartenait à la famille de Penthièvre jusqu’au mariage d’Agnorie de Penthièvre avec Olivier II de Dinan en 1129. La première mention du nom de la ville sous la forme « Plancoit » apparait dans une charte de 1179. Geoffroy de Dinan y maintient les donations faites par ses ancêtres à l’abbaye de Saint-Jacut-de-la-Mer qui détient un prieuré sur la rive droite de l’Arguenon. La seigneurie passe dans la famille de Goyon de Matignon lorsqu’il épouse, vers 1214, Marguerite de Dinan, dame de Plancoët. La ville est détruite dans un incendie entre les années 1220 et 1227 lors de la guerre qui opposent les héritiers de Marguerite de Dinan (voir annexe : Guerre fratricide à Plancoët au 13e siècle). Les chartes de l’abbaye de Saint-Aubin qui relatent ces épisodes désignent dès 1220 la « villa » de Plancoët et fait mention de ses moulins et d’un pont.Les actes de vente de la seigneurie au 15e siècle donne des indications sur la fondation de Plancoët. Le 7 novembre 1406, Tiphaine Du Gesclin vend « chacune les terres, rentes, héritages et revenus du terroir de Plancoët, ensemble à l’emplacement du Châtel et mote du châtel du dit-lieu… ». Les indications d’une motte et d’un château pourraient indiquer que Plancoët était une zone habitée ancienne et déjà protégée avant même la construction du château-fort de la Hunaudaye ; qui sera autorisée par le Duc de Bretagne à Olivier de Tournemine vers 1220.Le château-fort de Plancoët détruit en 1389En parallèle de la guerre de Cent Ans, la succession au duché de Bretagne entraîne des conflits entre les partisans des deux héritiers : Jean de Penthièvre et Jean III de Monfort. Plancoët se situe à la frontière entre le Penthièvre (sous l’autorité du Comte de Penthièvre) et le Poudouvre qui appartient au duché de Bretagne. C’est finalement Jean de Monfort qui devient Duc de Bretagne, soutenu par le roi de France. Cependant, les rivalités entre les deux familles restent vives. Olivier de Clisson dont le gendre est Jean de Penthièvre et soutenu par les Anglais, renforce les fortifications de Plancoët. Un texte écrit en latin entre 1389 et 1416 relate cet épisode : la Chronique de Saint-Brieuc. Un traité de paix avait été signé devant le roi de France entre Jean IV Duc de Bretagne, Olivier de Clisson et Jean de Penthièvre : « rompu par les gens et les serviteurs de seigneur de Clisson, en Bretagne, à cause de quoi , à nouveau, une guerre s’éleva entre eux et comme cette guerre faisait rage, le même duc fit ravager par son armé le territoire du Clisson et du comte ainsi que les terres sous leur dépendance et il renversa et fit démolir jusqu’à terre par la force armée une forteresse qui a ce moment-là venait juste d’être fortifiée à Plancoët par l’entremise du seigneur de Clisson… ». Plancoët sous l’ancien régimeLa seigneurie revient sous le giron du baron de la Hunaudaye en 1572, par le jeu des mariages et des héritages. Elle sera démembrée en 1782 lorsque le comte de Bédée, seigneur de Monchoix, achète la seigneurie à Louis François de Rieux. Le comte de Bédée reçoit l’autorisation du Roi d’y établir deux foires. La mère du comte s’installe dans la rue de l’Abbaye qui fait partie de la paroisse de Corseul. Son petit-fils, François René de Chateaubriand, séjourne chez elle et le comte (son oncle), dans sa jeunesse. Il immortalise ses souvenirs dans ses Mémoires d’Outre-Tombe. Le comte de Bédée émigre à la Révolution et ses privilèges sur Plancoët sont abolis. Plancoët est alors le cadre d’affrontement entre les Républicains et les chouans dirigés par Toussaint Du Breil de Pontbriand qui habite au château de la Caunelaye. La Grande Route, itinéraire royal, est détournée de Saint-Jacut-de-la-Mer et passe dorénavant par Plancoët favorisant ainsi le commerce. Le port de Plancoët permet déjà l’exportation des produits de l’agriculture locale (surtout des pommes de terre) et de bois de construction. La nouvelle commune de PlancoëtSuite à la loi Rondel du 19 mars 1841, la commune agrandit son territoire en ajoutant :- une part importante de la commune de Corseul incluant le faubourg de Nazareth, le tertre de Brandefer (Section A, B, C et une partie de la section L).- la section D de Pluduno.- une partie de la section B de Saint-Lormel.Ainsi la commune passe de 26 hectares en 1840 à 1126 hectares en 1841, dont 1045 sont soustraits de Corseul. Le centenaire de la réunion du faubourg de Nazareth à Plancoët est fêté en grande pompe en 1941 avec la présence du Préfet des Côtes-du-Nord (voir le programme). Grâce aux travaux de modernisation des infrastructures (pavage des routes, réalisation de quais pour le port, ...), la commune prospère dès le début du 19e siècle. Le transport de marchandises par bateau s’intensifie dans le port à marée, notamment grâce à la marne : de la vase utilisée comme amendement pour les terres cultivables pauvres. L’arrivée du train en 1878 entraine progressivement le déclin du trafic maritime du port de Plancoët, au profit du fret ferroviaire. Aujourd'hui, Plancoët est notamment connue pour sa source d'eau potable, du nom de la commune et vendue à l'international.


Note**Données issues du portail patrimoine.bzh édité par le Service régional de l'Inventaire


Informations

FondsJoseph des Bouillons
ThématiqueVILLES ET VILLAGES
Sujet(s)ville, fleuve, habitation, rue, commerce
Identifiant4J_22172_01_0019


Partagez ce document



En savoir +