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Château de la Garaye (Taden)

Description

Analyse *L’environnement du château a été très modifié depuis le cadastre de 1844. La grande avenue n’existe plus comme les vastes jardins. Le départ de cette avenue subsiste toutefois au sud de la N 176 sur le territoire de Dinan. Une aile à l’ouest, derrière la ferme a été construite récemment et la chapelle, plus au sud, est condamnée à la disparition. Le projet d’Arnaud de Saint-Jouan pour une mise en valeur des lieux, réalisé il y une dizaine d’années se risque à proposer une élévation et des grands travaux d’aménagement de jardins à la française. Un relevé des murs du manoir encore existants permet de mieux comprendre les différentes pièces et leur modification au cours du temps.Le planune grande salle, au centre, communiquant avec des chambres basses à l'est et à l'ouest et une aile arrière, abritant très probablement la cuisine. L’escalierOn accède à l’escalier depuis la salle. La porte très ornée de style gothique flamboyant porte des armes d’alliance Marot et Ferré. L’escalier en vis en pierre de taille a presque totalement disparu, il ne subsiste que les premières marches. A chaque niveau des niches et des reposoirs pour les étages, garnis d’accolades simple ou double, indiquent la qualité de la mise en œuvre dans les détails. Le dernier niveau de la tour ne présente pas de parement intérieur en pierre de taille de granite.Une petite vis relais en encorbellement permettait d’accéder à l'étage de comble et à une pièce haute, au sommet de la tour.Le décorLa plus grande partie sauvegardée des décors, d’une grande qualité d’exécution, est concentrée dans la partie est du château avec la tour d’escalier. Quelques fragments de bas-reliefs sont encore visibles sur un pan de la tour et sur la façade principale. Ces derniers bûchés sont placés dans des niches à accolades, sur l’un d’entre eux se devinent deux personnages debout tenants des armoiries. Plus étonnants, sont sculptés deux Atlantes qui encadraient une porte. Leur mauvais état ne nous permet plus d’en rendre compte avec précision. Quelques cheminées, en partie démantelées, sont encore en place, comme celle de l’ancienne salle et de la chambre basse à l’est.Armoiries Sur le linteau de la porte de la tour d’escalier du château se voient les armes mi-parti d’azur à la main dextre posée en pal, accompagnée d’une étoile d’or au canton dextre du chef, qui est Marot et d’argent à la fasce d’azur accompagnée de 3 molettes de même : qui est Ferré . Au sommet de la tour d'escalier, deux blasons d’argent à la fasce d’azur accompagnée de 3 molettes de même qui sont Ferré.Sur un pan de la tour d'escalier dans une niche : deux lions en support tiennent un blason martelé.En façade dans une niche : deux personnages tiennent un blason martelé.
Historique *Un projet inachevé à la fin du Moyen-AgeLes ruines romantiques du château de la Garaye posent toujours question. L'écu mi-parti sculpté à l'intérieur sur la pointe de l'accolade de la porte d'accès à l'escalier correspond à des armes d'alliance entre les familles Marot et Ferré et se lit ainsi : à dextre (armes de l'époux) : « d’azur à la main dextre posée en pal, accompagnée d’une étoile d’or au canton dextre du chef, qui est Marot, et à senestre (armes de l'épouse) d’argent à la fasce d’azur accompagnée de 3 molettes de même (ou de gueules) : qui est Ferré ». Les récentes recherches généalogiques ne nous confirment toujours pas ce mariage. Depuis la réédition des Mémoires de Charles Gouyon de la Moussaye annotées en 1901, il est convenu d’attribuer à Macé Marot, sieur de la Meffrais à Saint-Samson, qui décède en 1550, et a son épouse une demoiselle Ferré le commencement des travaux. Il est probable que le couple Marot-Ferré décède sans postérité avant l'achèvement du château et que la propriété revient aux Ferré comme l'atteste les deux écus aux armes des Ferré servant de consoles à une lucarne ruinée au sommet de la tour.La tour d’escalier à pans coupés avec son décor flamboyant se situe dans les premières décennies du 16e siècle. Le décor des baies avec double accolades rappelle celui de la tour d'escalier du château de Nantes édifié à la fin du 15e siècle. Le manoir de Penmarc'h à Saint- Frégant (29) daté 1540 peut servir également de référence. S’y retrouvent le riche décor flamboyant, les doubles accolades gothiques en ornement mais aussi dans les encoignures de fines colonnes à chapiteaux. L’usage de la travée et la partition appuyée des différents niveaux par un quadrillage de moulures sont dans l’esprit du style Louis XII.La reprise du chantier en 1573Claude du Chastel reçoit la Garaye en 1573. Il est écrit dans les mémoires de son époux, Charles Gouyon, qu’elle fit promptement terminer le château dont la reconstruction avait été délaissée depuis nombre d’années. On lui doit une partie de l’agrandissement en moellons qui était à l’origine recouverte d’un enduit de chaux. Le portail d’entrée avec ses deux colonnes doriques qui soutiennent un entablement à triglyphes est résolument dans le goût de la seconde Renaissance. Pour s'harmoniser avec ce nouveau style, les lucarnes à gables gothiques sont transformées par des lucarnes à frontons courbes. L’une d’entre- elles, en place, témoigne toujours de cette habile métamorphose.Claude-Toussaint Marot de la Garaye (1675-1755) et Marguerite de La Motte Picquet (1681-1757), les époux charitablesLe château de la Garaye est passé à la postérité, grâce au comte Claude-Toussaint Marot de la Garaye et son épouse Marguerite Picquet. Ce couple, que l’on nomme aussi « les époux charitables », crée en 1714 à la Garaye un hôpital pour soigner les pauvres. Ils pratiquaient toutes sortes d’opérations, lui est connu pour ses talents de chimiste, il invente une nouvelle méthode pour extraire les sels essentiels des minéraux et plantes médicinales. Marguerite, quant à elle pratiquait des opérations des yeux comme la cataracte. Leur vie au service des humbles a retenu l’attention du Pape Jean-Paul II qui les nomme, comme modèle de vie exemplaire, lors de sa visite à sainte Anne d’Auray le 20 septembre 1996.Sur le côté ouest de l'ancienne avant cour, un grand bâtiment accolé au pavillon du début du 17e siècle fut peut-être construit au début du 18e siècle afin de servir d'hôpital. Si le bâtiment a été entièrement conservé, il n’a cependant pas pu être visité.L’aménagement du château au début du 18e siècleC’est le 7 février 1701 que Claude-Toussaint Marot de la Garaye épousa Marie-Marguerite de la Motte-Picquet. Leurs biographes s’accordent pour témoigner de leur changement radical de mode de vie. Au début de leur mariage, les époux mènent une vie fastueuse. Il est fort probable qu’ils réaménagent le château, tant pour ses extérieurs que pour ses intérieurs. Les grandes travées, de la partie ouest, marquées par des baies rectangulaires ainsi que le bandeau de séparation des niveaux sont dans l’esprit classique de cette période. La façade enduite avait au début du 18e siècle, une tout autre allure. Une description de Charles-Rolland Néel de la Vigne dans ses « Souvenirs » évoque à la fin du 18e siècle, un intérieur raffiné, le salon était orné de peintures et de dorures et le sol était marqueté, « un parquet formé de carreaux artistement ajustés ».De l’abandon au classement en 1920Charles-Rolland Néel de la Vigne déplore toutefois, dès la fin du 18e siècle, l’abandon du château et son manque d’entretien depuis le décès du comte et de la comtesse de La Garaye. Dans un rapport de perquisition effectuée le 24 juin 1791, il est décrit en ruine. Les brutalités révolutionnaires ont eu fin des décors portant des armoiries. La ferme toujours habitée lors du recensement de 1797 et 1798 compte plusieurs personnes au service de la famille Haye de Nétumières. Reconnu pour son intérêt architectural et historique, le château est classé au titre des Monuments Historiques en 1920 afin de stopper son démantèlement. Les travaux nécessaires de consolidation des ruines n’ont pas été menés. Un projet de mise en valeur dessiné par Arnaud de Saint-Jouan a permis un temps de rêver en faisant du site, un lieu de visites agencé de grands jardins à la française. Ce projet respectueux du site n’a pu être soutenu financièrement. La propriété a été divisée et des labours ont remplacé les grands jardins projetés. La chapelle en ruine est menacée de disparition.


Note**Données issues du portail patrimoine.bzh édité par le Service régional de l'Inventaire


Informations

FondsJoseph des Bouillons
Sujet(s)château
Identifiant4J_22339_01_0004
Matériaux des mursgranite, pierre de taille, granite, moellon


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