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Phare des Héaux-de-Bréhat, situé en Manche, au large de Pleubian

Description

Analyse *Le phare des Héaux de Bréhat est situé à 10 km au Nord-Ouest de l'île de Bréhat et à 1 km à peine de la pointe du Sillon de Talbert. L'édifice a été construit sur un plateau inondable, sur l'une des aiguilles dans la partie Est du plateau rocheux. Les travaux de construction du phare des Héaux ont été réalisés en régie par le Service des Phares installé dans l'anse de la Corderie, au Nord-Ouest de l'Île de Bréhat. C'est là que furent taillées toutes les pierres de l'édifice. Le roc sur lequel repose la tour est formé par un porphyre extrêmement dur et résistant, où l'ingénieur Reynaud fit enfoncer les fondations sur une surface de 11, 70 mètres de diamètre et de 50 cm de profondeur. C'est dans cette rainure ainsi protégée que furent posées les premières assises en pierres de taille. Dans l'édification du massif plein, Reynaud mit au point une nouvelle technique d'assemblage des pierres, pour chaque assise, constituant des grands claveaux. Les pierres de taille s'appuyant les unes sur les autres au moyen de tailles saillantes et rentrantes appelées 'queues d'aronde'. Les pierres angulaires étaient fixées sur l'assise inférieure au moyen de quatre dés en granite. Ce mode de construction fut réalisé sur 4 mètres au-dessus du niveau des plus hautes mers. L'édifice d'origine consistait en une tour cylindrique de 4, 20 mètres de diamètre et de 47, 40 mètres de hauteur. La tour était composée de deux parties principales séparées entre elles par une galerie entourée d'un parapet : la partie concave, elliptique, s'élevait jusqu'à une hauteur de 18 mètres, suivant une graduation progressive de la courbure. Son diamètre était de 13, 70 mètres à la base et se réduisait à 8, 60 mètres au sommet. La partie supérieure constituait une tour ordinaire d'une hauteur de 29, 40 mètres jusqu'au pied de la lanterne. Le diamètre à la base était de 6, 80 mètres et au-dessous de la corniche du couronnement, un diamètre de 5, 80 mètres. L'épaisseur du mur était de 1, 30 mètre dans le bas et de 0, 85 mètre au-dessous du couronnement. L'intérieur de la tour était divisé en huit niveaux. Les deux premiers abritaient les magasins (dont groupe électrogène de secours). Les quatre niveaux suivants formaient la cuisine et trois chambres de gardiens superposées. Au huitième niveau se trouvait la chambre de service et au-dessus la chambre de la lanterne, à laquelle on accédait par une échelle de meunier en bois. Une galerie extérieure était placée au niveau de la lanterne (coiffée d'une coupole en bronze) et une seconde galerie servait de promenoir aux gardiens, au 3ème étage. La porte d'entrée du phare était située au Sud, équipée d'une échelle en bronze. En face, à la suite d'un petit vestibule, se trouvait un escalier droit puis circulaire à noyau plein, qui montait aux étages, éclairé par 8 fenêtres. Toute la construction avait été exécutée en granite homogène, d'un grain fin et serré, d'une teinte bleuâtre, extrait de la carrière de l'Île Morvil, près de l'Île Grande. Le reste de la maçonnerie en moellons provenait de l'île de Bréhat. Les sept étages étaient recouverts par des voûtes sphériques en briques avec des retombées en pierres de taille, à l'exception de celle qui supportait le sol de la chambre de service, établie en béton. Les travaux de reconstruction du phare commencèrent en 1946 par la démolition des maçonneries endommagées et la récupération des pierres de taille. Les maçonneries furent arasées au niveau du plancher du 7ème étage et les travaux de gros oeuvre furent exécutés en 1948, dont la sur-élévation de la tour par un étage supérieur (soit 9 étages en tout), afin d'installer des machines, groupe électrogène et batterie d'accumulateurs et de renforcer ainsi la puissance du feu. Le granite provenait d'une carrière de la Côte de Granite rose, taillée par Henri Mangel. L'édifice, ainsi élevé, mesurait 56, 60 mètres au-dessus du niveau du rocher et 50, 90 mètres au-dessus des plus hautes mers. La partie supérieure de la tour est plus haute que celle d'origine avec 32 mètres de hauteur (avec 7 étages). Elle possède à sa base un diamètre de 6, 80 mètres. La forme du toit a conservé sa coupole en bronze qui coiffe la lanterne, sur une plateforme en pierres de taille. Des vestiges de l'ancienne plateforme et du bâtiment, servant au logement des ouvriers, à la forge, et une tour servant d'appareil d'éclairage, sont encore visibles sur la partie Ouest du plateau des Héaux de Bréhat.
Historique *La grande épopée de la construction des phares a débuté dans notre département à l´aube du 19ème siècle, avec le premier schéma d´ensemble de l´éclairage des côtes de France (1825) et la construction d´un phare de premier ordre, à feu fixe : le phare des Héaux de Bréhat, première tour en mer de Léonce Reynaud, achevée en 1839. La carte des Ingénieurs géogrpahes, datée de 1770, montre le plateau des Héaux, avec la toponomie locale : la 'Roche des 3 branches', 'Men Lenn', 'les Heo', 'Roc'h Hanap' ou 'Roche des bréhatin' et 'Men ar Gourlan'. L'ingénieur hydrographe Beautemps-Beaupré fit le relevé de ces côtes et du plateau des Héaux en relation avec la Commission de Phares et les ingénieurs des Ponts dés 1815. Chronologie : 1811 : Sur l´initiative de l'Empereur, une Commission composée de savants, de marins et d'ingénieurs est réunie pour examiner les projets de signaux optiques nocturnes élaborés par un officier de Marine, Coat de Saint Haouen, et pour proposer un 'Système général de distribution des feux pour toutes les côtes de l'Empire'. 1825 : quatorze ans plus tard, un système d'éclairage des côtes de France est adopté par cette assemblée, désormais appelée Commission des phares. 1831 : en attendant l'exécution du phare, un feu provisoire est installé sur le rocher des Héaux de Bréhat, au sommet d'une construction en charpente 1834 : la construction d'un phare de 1er ordre est décidée par la Commission des Phares. Les plans des Héaux sont dessinés par Léonce Reynaud. 1836-1839 : le chantier, démarré en 1836, s'achève quatre ans plus tard (en 3 campagnes) et les gardiens prennent possession du lieu le 1er février 1840. Le feu fixe fonctionne à l'huile de colza. 1902 : on installe à la place de l'optique d'origine celle du phare Ar Men et, quelque temps plus tard, en 1905, un brûleur à vapeur de pétrole remplace la vieille lampe à mèches multiples. 1930 : le feu devient feu à occultations 1944 : les troupes allemandes d'occupation détruisent le haut du phare sur 15 mètres (2 étages) 1945 : projet de Georges Tourry, architect à l'Ecole Nationale des Ponts de reconstruire entièrement le phare comme une rotonde en béton de 15 mètres de diamètre (refus de Rouville, directeur des Phares) 1947-48 : reconstruction du haut du phare et sur-élévation de l'édifice d'un étage supplémentaire, selon les plans des architectes privés Auffret et Hardouin 1949 : travaux d'aménagement intérieur, mise en place de la lanterne 1979 : le phare est électrifié (établissement d'un aérogénérateur) et ses derniers gardiens le quittent le 9 juillet 1982. Ce phare est donc l´oeuvre de Léonce Reynaud, qui, après l'avoir dessiné et construit, fit toute sa carrière au Service des phares. Il choisit la silhouette des Héaux comme symbole de la signalisation maritime des côtes de France, mêlant ainsi son propre travail à l'oeuvre collective accomplie depuis le début du siècle.


Note**Données issues du portail patrimoine.bzh édité par le Service régional de l'Inventaire


Informations

FondsJoseph des Bouillons
ThématiqueLITTORAL, ARCHITECTURE CIVILE ET MILITAIRE
Sujet(s)phare, ile, mer, bateau, rocher
Identifiant4J_22016_01_0030
Matériaux des mursgranite, béton, pierre de taille, moellon


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