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Eglise Paroissiale Notre-Dame (Grâces)

Description

Analyse *Plan et ordonnance intérieure Le village de Beuzit possédait une carrière de granite d´où provient la pierre employée pour la construction, réalisée pour le gros-oeuvre entre mars 1507 et février 1509. L´édifice présente de ce fait une remarquable homogénéité. Le parti, un vaisseau de quatre travées, flanqué au sud d´un unique bas-côté, évoque l´architecture des ordres mendiants, et rappelle le rôle du frère Bilsic dans sa construction. Toutefois, un texte atteste que le projet était de donner à la chapelle située au sud du choeur, dédiée à saint Yves, sa symétrique au nord. Trois colonnes cylindriques appareillées reçoivent en pénétration les retombées des grandes arcades. Les deuxième et troisième reposent sur un socle de maçonnerie parallélépipédique, auquel des autels devaient être adossés. Des lavabos à crédence, encadrés de pilastres prismatiques et surmontés d´une accolade à crochets et fleuron, sont ménagés dans leur face sud. Le vaisseau central est couvert d´un lambris en berceau brisé, à entraits engoulés, reposant sur des sablières au riche programme sculpté. Grâces constituerait d´ailleurs le plus ancien exemple connu en Bretagne de décor en frise sur une sablière. Le bas-côté est scandé par des arcs-diaphragmes retombant en pénétration au nord sur les colonnes de la nef et au sud sur des colonnes engagées, et couvert par une succession de berceaux transversaux. Ce mode de couvrement, la présence des deux lavabos à crédence déjà signalés et de deux autres dans les murs sud et est du collatéral, invitent à restituer une série de chapelles dotées chacune d´un autel. Du reste, la présence de contreforts angulaires encadrant la maîtresse vitre, et le fait que les percements du mur gouttereau nord ne correspondent pas au rythme des travées, suggèrent que le projet initial se limitait à un vaisseau unique, et que l´on décida en cours de chantier de compléter le programme par des chapelles latérales. Au fond du bas-côté, une porte encadrée de pilastres Renaissance à motifs de losanges et de couronnes donne accès à la sacristie. La baie qui se trouve au-dessus a été murée lors de la construction de cette dernière. À droite, dans le pan coupé, une ouverture en arc brisé conduit à l´escalier en vis de la tour ; elle est fermée par une porte en menuiserie du 16e siècle. Ordonnance extérieure L´édifice est précédé à l´ouest par une imposante tour carrée, formant porche. Le portail ouest, dont les ressauts de la voussure en arc brisé sont ornés de frises végétales et couronnés par une archivolte à choux et fleuron, s´inscrit entre deux contreforts en équerre qui épaulent la tour. Un arc segmentaire au réseau d´intrados polylobé lancé entre les contreforts et surmonté d´un gâble forme auvent au-dessus du portail. Chaque face de la tour est percée de deux baies géminées en arc brisé surmontées d´accolades à choux frisés et fleuron. De la plate-forme entourée d´un garde-corps ajouré de deux rangs de mouchettes s´élève une flèche de granite octogonale, cantonnée de trois clochetons hexagonaux et, à l´angle sud-est, d´un quatrième de proportions plus importantes et à huit pans, qui couronne la vis d´escalier. Sur les faces cardinales de la flèche s´adossent d´élégants gâbles construits ajourés retombant sur des colonnettes. Ce parti modernise un modèle donné deux siècles plus tôt par la tour de croisée de Guingamp et repris dans de nombreux clochers du Trégor. La façade méridionale, richement traitée, présente une succession de cinq pignons dont les rampants sont garnis de choux frisés. Les contreforts s´ornent de niches à dais dans la tradition cornouaillaise, comme ceux de la tour, et sont surmontés de gargouilles à sujets satiriques. La travée occidentale, correspondant à la sacristie, plus récente que les autres, s´en distingue par une introduction du répertoire décoratif de la Renaissance : pilastres ornés de losanges et candélabres se mêlent aux arcs en accolade du gothique tardif. Au rez-de-chaussée, ses fenêtres ouest et sud, rectangulaires, sont protégées par des grilles en fer forgé ornées de lys et d´hermines. Les pignons correspondant aux première et troisième travées du bas-côté sont percés de portails en arc brisé encadrés par des pinacles. Le premier à l´ouest, décentré vers la droite, reprend le parti du portail occidental, mais avec seulement deux ressauts ornés de frises de feuillage. Il est surmonté d´un monumental motif héraldique composé de deux lions portant un écu semé d´hermines et sommé du casque des Montfort, se détachant sur un fond de cordelières. Le second, désaxé vers la gauche, a une voussure à ressauts simplement moulurés, également surmontée des armoiries ducales. La porte a conservé ses vantaux sculptés du début du 16e siècle illustrant l´Annonciation. Au-dessus est percée une rose à huit lobes. Au chevet, sous la maîtresse-vitre, une fontaine est surmontée d´une arcade moulurée en plein-cintre au fond de laquelle est ménagée une niche à dais flamboyant qui abritait une statue en bois de la Vierge à l´Enfant. La façade nord, plus sobre, est percée de trois baies et d´une petite porte en arc brisé avec archivolte en accolade et fleuron.
Historique *Un franciscain de Guingamp ayant bâti vers 1500 au village de Beuzit une petite loge en forme d´oratoire, les gouverneurs de la trève de Saint-Michel en Plouisy décident d´édifier une chapelle dont la première pierre est posée le 12 mars 1507. Anne de Bretagne, de passage à Guingamp en septembre 1505, prend certainement une part importante dans le financement du chantier, qui apparaît exceptionnellement rapide : une inscription sur la sablière atteste que la charpente est posée le 5 février 1509. Selon une notice manuscrite du 17e siècle, le frère Pierre Bilsic, profès du couvent des franciscains, joua un rôle déterminant dans l´entreprise. La sacristie à étage, placée dans l´angle rentrant formé par la tour et l´extrémité ouest du bas-côté méridional, fit l´objet d´une seconde campagne, probablement vers le milieu du 16e siècle. Leur couvent ayant été incendié lors du siège de Guingamp en 1591, les cordeliers demandent leur transfert à Grâces, où ils s´installent en 1614 ; la pose de la première pierre de leurs nouveaux bâtiments, situés au sud de la chapelle, a lieu en 1633. La chapelle est peu modifiée : un état des lieux de 1665 indique parmi les réparations et augmentations récentes le portique de la grande porte de l´église qui menaçait ruine cimenté tout à neuf avec la petite tourelle du pigeonnier. Vendu en 1796, le couvent est démoli dans le premier quart du 19e siècle. En échange de l´église de Saint-Michel vendue au profit de la Nation, la commune de Grace, créée en 1794 et devenue Grâces en 1877, reçoit celle des Cordeliers. Une délibération de l´an XI évoque “ ladite église négligée depuis longtemps et réparée par les abonnements volontaires et les quêtes faites dans la commune ” : la chapelle devient alors église paroissiale. En 1829, un incendie détruit le maître-autel et endommage le chœur, qui est restauré. En 1841, un devis estimatif des réparations souligne le mauvais état des vitraux et la nécessité de rejointoyer la tour et la flèche. De fait, en mai 1844, la foudre provoque la chute des trois dernières assises de celle-ci et une lézarde dans son pan sud. La restauration est menée par le recteur Le Quéméner. En 1890, le conseil de fabrique présente un projet de restauration, consistant à refaire complètement le lambris, l´enduit intérieur et un clocheton abattu par le tonnerre en 1846, qui est approuvé par l´évêque et le préfet. L´église est dotée de vitraux neufs en 1996.


Note**Données issues du portail patrimoine.bzh édité par le Service régional de l'Inventaire


Informations

FondsJoseph des Bouillons
ThématiqueARCHITECTURE RELIGIEUSE
Sujet(s)église paroissiale, clocher, façade
Identifiant4J_22067_01_0001
Matériauxardoise, pierre en couverture
Matériaux des mursgranite


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